Une histoire de l’Improvisation

“La grande histoire du théâtre d’impro par Macédoine”
Macédoine a dit un jour : l’impro, Madame, c’est pas nouveau ! 

et elle a dit aussi : “l’impro, Monsieur, c’est du théâtre populaire, oui Monsieur.”

Macédoine était là, debout, et elle nous racontait des histoires, des tas ! Des vertes et des pas mûres, des pour-rire et d’autres pour- pleurer… c’est comme ça qu’on a appris que l’impro théâtrale existait depuis des tas d’années, 25 siècles au moins, ce qui fait que l’impro existe depuis que le théâtre existe… V° siècle avant notre ère… ça a commencé chez les Grecs antiques… et pendant 21 siècles, le théâtre se déroule en plein air, sert au divertissement et à l’enseignement, est joué par des comédiens non professionnels qui s’appuient sur l’improvisation, est un service public auquel toutes les classes sociales assistent… gratuitement…

C’est pour ça que Macédoine ne fait pas payer cher ses entrées… pour qu’il soit accessible, qu’il y ait le moins de barrières possibles entre la scène et le public… 


Alors voilà, le théâtre commence avec les grecs puis se poursuit avec les romains… et ça continue comme ça jusqu’à la renaissance. C’est le grand fleuve du théâtre populaire… voilà d’où l’on vient ! Au milieu du XVI° siècle, commence à naître le théâtre d’auteurs… Shakespeare et la comédie des masques. Mais là encore, les acteurs continuent de s’appuyer sur l’improvisation : c’est même le ressort principal du jeu de la commedia, dans laquelle l’impro se fait sur un thème réglé d’avance : le scénario qui est l’œuvre d’un auteur… 

À partir de ce moment-là, le théâtre populaire s’enfonce et disparaît de la scène… les acteurs professionnels jouent dans des lieux clos des pièces écrites à entrée payante… mais il réapparaît en marge et connaît ses grands moments : ce sont les bateleurs du Pont Neuf, ceux de la Foire, du Boulevard du Crime… qui sera repris dans les salles par le théâtre de Boulevard. Et puis, viennent le cinéma et la télé… et le théâtre est aujourd’hui majoritairement un   théâtre de metteurs en scène.


Mais l’impro a repris du service… nous revenant des cousins du Québec, elle retrouve en France de nouveaux terrains de jeux….

En 1977, deux comédiens (Robert Gravel et Yvan Leduc) déplorent le désintérêt de la population envers le théâtre au profit des matchs de hockey. Ils décident donc d’amener l’ensemble du décorum de cette discipline (patinoire, maillots, arbitre, fautes etc.) dans une salle de spectacle et de proposer un spectacle qui puisse être un bon compromis entre sport et théâtre… Et POUF ! Magie, le match d’impro est né : place à la spontanéité, à la créativité et au retour aux racines du théâtre : les acteurs sont au cœur du jeu théâtral !

En à peine 40 ans, ce nouveau concept de spectacle s’est popularisé dans de nombreux pays francophones, menant à la création d’innombrables ligues et troupes pratiquant cette discipline. Mais si ce sont les Canadiens qui ont fait redécouvrir l’improvisation aux comédiens francophones, les anglophones ne sont pas en reste. A la même période, le metteur en scène anglais Keith Johnstone révolutionne le théâtre grâce à son approche de l’improvisation, prônant un théâtre spontané, authentique, culturel et libre.

D’autres formes de spectacles improvisés inspirées du match d’improvisation et/ou des travaux de Keith Johnstone ont également vu le jour depuis, comme par exemple le Maestro (formule sous forme de tournoi où les joueurs les moins appréciés par le public sont éliminés pour n’en laisser qu’un : le Maestro), le Harold (spectacle composé d’une ou deux improvisation(s) en format long) ou encore le Catch d’improvisation (formule reprenant les grands traits du match mais au rythme souvent plus rapide).

Voilà, c’est ça la Grande Histoire du théâtre d’impro… et évidemment c’est pas fini !